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sez-vous. Le sommeil chassera les idées noires. Je suis accablé, moi aussi.

Mais ils veillèrent fort tard, chacun de son côté et, dans le silence de la nuit, à travers les murs de leurs appartements, ils s’entendirent marcher, remuer. Chacun aussi se demanda à propos de l’autre : Pourquoi ne dort-il pas ? Leur défiance réciproque fut augmentée par la pensée que de secrets et agitants sentiments les tenaient dans l’insomnie.

Il ne restait à Joachim qu~à voir Laure. Il alla la trouver à sa propriété de Cernay-les-Près, où elle passait six mois tous les ans avec le vicomte, sauf leurs tournées aux eaux ou aux courses départementales.

Le valet de chambre de la vicomtesse, initié à toutes les choses de la maison, lui annonça avec beaucoup de satisfaction que Mme d’Archeranges se trouvait dans le parc auprès de madame.

— Votre pauvre frère ! j’ai été bien désolée pour lui, répétait encore Mme d’Archeranges à la vicomtesse quand elles le virent de loin à travers les pelouses.

— Je n’y conçois rien, disait Laure, il est fin et spirituel cependant.

— Et comment s’en est-il tiré ?

— Je ne sais, voilà sa première visite.

— Et c’est une perte pour vous, du moins pour vos enfants.

— Je suis d’autant plus contrariée que le vicomte n’a jamais eu de sympathie pour lui et en dit les choses les plus désagréables.

— Pourquoi ne l’en empêchez-vous pas ?