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— Ce Niflart, dit le notaire, j’en ai beaucoup entendu parler. Il devait finir de la sorte. Il est fâcheux que je n’aie pas su vos rapports avec lui. J’aurais pu vous avertir. Je me rappelle maintenant que Mme du Quesnoy m’a demandé, dans le temps, des renseignements sur lui.

Il avait l’air d’interroger. Joachim ne répondit pas, il suivait la plume des yeux.

— C’est étrange, reprit le notaire, avec quelle facilité ces gens-là obtiennent une aveugle confiance. Caron, agent de change, bordereau du 7, continua-t-il, trente mille francs ; du 10, quarante-cinq mille francs.

Cet appel était comme un glas funèbre.

M. Blanchart secoua la tête, puis se croisant les bras : Et tout a été dévoré ! Il avait la libre disposition de cette fortune ! Aucune garantie prise contre lui, c’est lamentable. Il avait donc tout pouvoir ? On pourrait peut-être attaquer la validité de ses opérations…

— Je ne crois pas, dit soucieusement Joachim en pliant les épaules.

— Vous aviez donc réalisé vos immeubles en espèces ?

— Il avait pouvoir de les hypothéquer, il l’a fait.

La voix de Joachim était presque gémissante.

— Et vous n’aviez pas pensé un seul instant qu’il en abuserait ?

— Je ne croyais pas qu’il en abuserait si tôt du moins.

— Je n’ai point d’opinion à exprimer sur ces faits, reprit M. Blanchart ; je ferai vérifier au greffe tous les actes qui établissent bien votre insolvabilité. Le mobilier de l’hôtel est-il à vous ?