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— Une séparation ? dit Rose, comme une amie qui discute affectueusement.

Elle l’effraya soudainement en lui montrant qu’on pouvait aller aussi loin. Une séparation ! perdre l’appui de cette fortune et celui de la baronne. Il avait pensé à un duel, mais l’autre combinaison était bien grave !

— Vous me bourrelez, dit-il.

Rose ne voulut pas le fâcher. Elle essaya de lui faire un tableau du bonheur, des délicates attentions qu’elle saurait tirer pour lui de sa ruine, et elle finit par ramener un peu de sourire sur le visage de Joachim.

M. du Quesnoy ne tarda point à recevoir ses lettres de rappel, pria le prince de lui permettre d’en donner notification le jour même, et enfin il se jeta dans le chemin de fer, prenant à peine le temps de dire adieu à Mme d’Archeranges.

Du reste, Françoise avait presque hâte que son mari reparût. Le repos n’allait point à son âme. Le retour de Joachim devait fort troubler les habitudes de voir Allart qu’elle s’était faites ; néanmoins, munie de forces nouvelles, elle était curieuse d’en tenter l’épreuve sur son mari. Une pensée, la moins nette et la plus forte à la fois de celles qui la conduisaient, l’aiguillonnait. Elle prendrait contre lui les représailles des tourments de la vertu. Il expierait le serment qu’elle était tenue de garder envers lui.

Mme du Quesnoy prévint Allart.

— Il revient dans peu de jours, lui dit-elle d’un air grave, craignant que cette nouvelle ne le consternât ou ne le mît hors de lui.