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— Ah ! je ne sais pas précisément.

Allart fit un mouvement pour prendre congé. Charles l’arrêta de la main. Ses traits étaient tout à fait altérés comme par une souffrance, et sa voix frémissait sensiblement.

— Monsieur Allart, avant que vous ne partiez, il faut que je vous demande un conseil et un renseignement.

— Je vous en prie, dit Allart en lui prenant la main.

— J’ai dix-huit ans, reprit Charles, pensez-vous que je puisse forcer un homme, un homme de votre âge, et qui s’y refuse, à se battre avec moi ?

— Ah ! s’écria Allart, vous vous êtes battu !

— Non, non, je vous assure ! J’ai souffleté l’homme dont je parle…

Allart secoua soucieusement la tête.

— J’avais de sérieuses raisons pour le faire.

Charles attendit. Allart entrevoyait la vérité. Il était très affecté.

— La personne dont vous parlez voudrait se battre, dit-il, qu’elle ne trouverait probablement pas de témoins.

— Mais des soldats dans une caserne ?

— Il leur faut l’autorisation d’un officier, et à cause de votre âge, vous-même ne…

— Mon âge doit donc me forcer à supporter tous les outrages, dit Charles avec une violence amère et concentrée ; et si cet homme, cependant, profitant de sa force, m’avait frappé odieusement ?

— Oh ! s’écria Allart très ému et en pâlissant, il vous a brisé le bras ?