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lèvres sur son front, elle s’écria avec des sanglots plaintifs dans la voix : Oh ! mon ami, secourez-moi, protégez-moi !

— Qu’avez-vous ? contre qui faut-il vous défendre ? demanda Allart en la gardant serrée contre son cœur.

— Contre le monde, contre moi-même, contre la vie s’écria-t-elle en frémissant.

— Dites-moi ce que vous attendez de moi ! Vous si forte, si courageuse, quelle trahison, quel événement terrible a pu vous abattre ?

— Non, rien, dit-elle, non, j’ai le cœur plein et brisé en même temps ! Non ! je ne serai pas votre maîtresse, n’est-ce pas ?

Tout était en désordre dans l’âme de Françoise, la crainte, le désir, la souffrance, le bonheur s’y débattaient à la fois comme dans un chaos. Elle aurait voulu se perdre et être sauvée en même temps, elle éprouvait des sortes de convulsions intérieures dont l’excès devenait insoutenable, elle se sentait appartenir tout entière à Allart, et par un dernier effort de la conscience l’implorait d’avoir une volonté, car elle n’avait plus de force.

La passion secouait un de ses plus violents ouragans dans un cœur pur et rigide, et le naufrage semblait être un apaisement, si la tempête ne finissait d’elle-même.

Allart le comprenait, et tenant cette tête appuyée sur son épaule, frémissait lui-même d’anxiété, luttant à peine de son côté contre l’orage pour se maintenir. Tout à coup Françoise dénoua son bras qui la tenait,