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réellement voué à une mauvaise chance ! Et laissant tomber ses bras… moi qui ai aussi une mauvaise nouvelle à vous apprendre et une très mauvaise même.

— Quoi donc ? demanda Joachim en pâlissant.

— Eh bien enfin vous êtes fort… Mieux vaut vous dire… nous perdons… voilà que vous perdez aussi cent mille francs sur ces actions que vous vous êtes obstiné à acheter, malgré mes conseils, ce mois-ci.

Il lui expliqua l’affaire rapidement, d’une manière saccadée.

M. du Quesnoy restait là, abasourdi, consterné. Bien aigu eût été l’observateur qui aurait pu démêler si l’homme d’affaires contemplait son client et ami avec une joie secrète ou avec un véritable chagrin.

— Ne pourrait-on regagner cela par quelque bonne affaire ? dit faiblement Joachim.

— En avez-vous une à m’indiquer ? demanda l’homme mince et pointu avec une espèce d’impatience.

L’autre se mordait les lèvres.

Après un instant de silence, M. Niflart s’écria : Nous ne pouvons point cependant vous laisser embourbé…

Avec un grand élan, M. du Quesnoy lui reprit les mains.

Niflart réfléchit : Eh bien dit-il, vous aurez les quatre-vingt mille francs aujourd’hui. Quant au reste, nous verrons, j’aurai peut-être une idée.

— Mon cher ami, murmura M. du Quesnoy, mon cher ami que de reconnaissance, que de remercîments s’écria-t-il avec un chaleureux éclat de voix, comment m’acquitterai-je jamais ?…