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chagrin auquel on eût dit : Ne t’afflige pas, n’aie pas peur, le mal est passé. D’aussi simples paroles lui auraient fait du bien.

La dure algarade du marquis la précipitait par une grande impulsion vers Philippe. Elle n’eut aucune hésitation à tendre la main à Allart et à lui dire : Ah ! je suis heureuse de vous voir. Vous auriez dû suivre plus promptement votre lettre.

— Ah ! répondit-il en baisant vivement cette main, comment pouvais-je l’oser, savais-je si j’aurais à vous remercier d’être si bonne et si franche que je vous trouve ?

— J’avais besoin de vous voir. Pourquoi craindre aucune coquetterie de ma part, puisque vous croyiez me connaître ? Je sais bien, moi, que vous recevez simplement ce que tout autre homme appellerait mes avances. Pourquoi, continua-t-elle avec animation, vous cacherais-je que j’ai une grande estime, une espèce de foi, une véritable foi en vous, qui m’avez fait passer de grands moments de bonheur ? Je sais que vous n’en abuserez pas, que vous ne me calomniez ni du cœur, ni des lèvres.

Il lui saisit les deux mains et dit passionnément :

— Oh merci ! vous êtes une noble, une belle âme, digne d’un culte. Vous êtes au-dessus de toutes les femmes, vous êtes une créature d’un ordre supérieur…

Il trempait, roulait ses lèvres le long de ces mains tendres, blanches et doucement parfumées. Prise d’un tremblement, elle le releva et se penchant sur sa poitrine, tandis qu’il appuyait, en tremblant lui aussi, ses