du charbonnier et les plaisanteries de la charbonnière. Tout votre diocèse a la renommée des prélats joyeux…
— Vous êtes mieux instruit que moi, interrompit le curé ; j’ignorais toutes ces belles choses.
— Moi, je n’y crois pas, dit madame Gérard intervenant enfin ; la religion est si belle, qu’elle force à s’élever le caractère de ses desservants.
— C’est cela même l s’écria le curé, ranimé comme Wellington par l’arrivée de Blücher à Waterloo.
— Vous avez encore fait un mariage hier, dit madame Gérard pour les séparer.
— Oui, Madame, deux jeunes gens charmants.
— Henriette a vingt ans, reprit-elle pensivement.
— Voilà une ravissante enfant ! » s’écria le président.
Madame Gérard le regarda fixement.
« On est bien heureuse d’être mère, quand on a des enfants comme mademoiselle Henriette et M. Aristide », dit le curé, reconnaissant et aimable.
Aristide grogna tout bas : « Ah oui ! la princesse Parfaite ! les voilà qui vont commencer. »
« Je ne suis pas contente de ma fille », dit madame Gérard.
Aristide se mit à rire.
« Pourquoi ris-tu comme un sot ? » demanda la mère, contrariée d’être interrompue.
Aristide resta tout coi, et madame Gérard continua : « Elle a un caractère altier et ne veut pas se plier aux exigences de la vie. Il faut pourtant à une femme une certaine souplesse, une dextérité d’esprit, qui lui permettent d’être le grand lien dans les relations du monde. C’est un art, il est vrai, difficile.
— Et que vous possédez si bien, dit M. de Neuville.
— Oh ! oui, appuya le curé, madame Gérard a tant d’esprit ! »
Le président haussa les épaules et soupira.
« Henriette, dit madame Gérard, manque d’esprit ! »
Le rire d’Aristide s’éleva de nouveau.
« Tais-toi, ou laisse-nous », s’écria la mère qui se croyait critiquée par son fils, tandis qu’au contraire c’était la joie de la sympathie d’opinions qui débordait en lui.