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LE MALHEUR


D’HENRIETTE GÉRARD





CHAPITRE Ier


les pantins avec leurs ficelles


À une demi-lieue de Villevieille, chef-lieu d’arrondissement, se trouve une jolie propriété qu’on appelle les Basses-Tournelles.

La maison d’habitation est gaie, le parc assez grand. Les terres qui en dépendent, très fertiles, produisent un revenu d’environ quinze mille francs.

Cette maison gaie, entourée de gazons et de jeunes bois, a renfermé une famille dont les troubles intérieurs et les catastrophes ont beaucoup préoccupé le pays, d’autant plus qu’elle avait d’abord paru fort unie, et d’apparences presque patriarcales, sous lesquelles la malignité provinciale eut quelque peine à démêler les plaies et les désordres.

Le père, M. Pierre Gérard, s’était placé à la tête de l’agriculture de l’endroit et les gens qui considéraient le propriétaire important, l’éleveur de beaux bœufs, ne s’inquiétaient pas de la largeur de son sens moral, et n’analysaient point sa physionomie rusée, matérielle et un peu basse.

La mère, femme de quarante-deux ans à peu près, dure et