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« Maintenant, ajouta-t-elle avec une espèce d’indécision, il y a les parents !…

— J’irai les trouver… dit Émile.

— Quand comptez-vous y aller ?

— Le plus tôt possible… »

En ce moment le chapeau de l’oncle Corbie apparut au loin, derrière une petite ondulation de terrain, puis sa grosse tête, puis son gros petit corps comique.

« Vous verrai-je demain ? dit Henriette à Émile.

— Oui, oui, je l’espère ; à moins qu’il n’y ait quelque chose d’extraordinaire, » répondit-il du haut du mur où était déjà monté. Quelques plâtres tombèrent à terre, détachés par ses efforts, et Henriette l’entendit s’éloigner rapidement.

Se retournant, elle vit l’oncle Corbie qui s’agitait de tous les côtés, ayant l’air de chercher à apercevoir quelqu’un ; et, en effet, comme elle était obligée de sortir du taillis, il parut se diriger vers sa nièce dès qu’elle fut en vue. Henriette considéra du coin de l’œil la démarche grotesque de l’oncle qui roulait comme une boule ; puis, comme il ne l’amusait pas, et à cet instant surtout, elle feignit de ne l’avoir pas vu et se coula lestement d’un autre côté, bien sûre qu’il ne la rattraperait pas. Corbie s’arrêta tout désappointé, puis essaya de couper à travers une pelouse pour rejoindre la direction qu’avait prise Henriette ; mais, comme ce fut parfaitement inutile, il se décida à cesser sa chasse et à rentrer à la maison.