velours, et la messe commença, accompagnée par l’orgue !
À son tour le prêtre devait demander à Henriette : « Prenez-vous pour époux M. Maximilien Mathéus ? » Elle le savait, et l’orgue, l’église, les prières, amollissaient son énergie. Elle lisait son livre de messe au hasard.
La question du prêtre s’éleva tout à coup à la suite des bourdonnements de la prière. Henriette savait qu’elle avait répondu oui à la mairie, qu’elle était engagée, qu’ici elle ne pouvait que répéter ce qu’elle avait dit devant l’homme de l’administration civile ; et cependant il lui semblait, sous l’impression de ces solennités, que ses paroles allaient être plus décisives.
Ce fut avec l’effort de quelqu’un qui résista à la douleur d’une opération de chirurgie qu’elle répondit encore ce même oui !
Elle le prononça net, assuré.
La messe continua. Il semblait à Henriette que l’orgue roulait comme des paroles de tonnerre : La femme de Mathéus, la femme de Mathéus !
La messe finit, les paroles du prêtre furent à peine écoutées : il tardait à tous de partir. On traversa encore la foule murmurante, et on arriva sous le portail, au grand jour. La violence des émotions qu’on éprouvait dans la demi-ombre de l’église, sous la haute voûte, au son écrasant des orgues, s’apaisa devant les aspects naturels ! On remonta dans les voitures, qui, pour Henriette, étaient les complices de ces seize personnages qui l’accompagnaient, et qu’elle considérait comme des ennemis. Au grand galop on roula vers les Tournelles, et comme une nichée d’oiseaux s’éparpillèrent dans les appartements tous les gens de la noce, fatigués de la tension de corps et d’esprit où jettent de telles cérémonies.
Madame Gérard n’avait pas voulu qu’on passât dans la sacristie, selon l’usage. On attendit une demi-heure le curé, à qui il fallait donner le temps de quitter le vêtement religieux et de rejoindre ; et on se mit à table.
Lorsque Mathéus mit pied à terre aux Tournelles, il serra dans ses bras sa femme, qui se laissa serrer tant qu’il voulut.