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qua Mathéus, dès que le désir vous en prendra, on vous conduira au petit pas. »

Madame Gérard et madame Baudouin ne tarissaient plus de phrases admiratives à chaque instant.

Henriette ne prit point la petite voiture, qui, pendant deux heures que dura la visite du parc, ne cessa de les accompagner. Mathéus lui offrit un cheval, une belle ânesse blanche, son fauteuil roulant. Elle refusa constamment.

Il les mena à la serre, les bourra de fruits et leur remplit les mains de bouquets.

« La serre vous convient-elle ainsi ? demanda-t-il à la jeune fille.

— Elle est ravissante, n’est-ce pas, Henriette ? » dit madame Gérard.

Henriette fit signe de la tête.

Mathéus alla ensuite à la volière. Elle vit une grande H dorée sur le treillage.

« Quelles attentions délicates ! s’écria madame Baudouin.

— C’est vrai », dit froidement Henriette, pesant sur le bras de Mathéus pour l’emmener ailleurs. Il lui semblait être perdue, loin de sa patrie, toute changée d’habitudes. Par moments, elle se figurait être à côté de quelque grand singe doué fantastiquement d’un langage et de galanterie.

« On m’a parlé, fit Mathéus, de petites perruches très rares : je ne pourrai vous en avoir que dans un mois. »

Ensuite, il lui fit subir la vacherie, qui contenait six stalles en acajou, pavées en marbre. Trois stalles étaient garnies.

« Je vous ai choisi seulement trois petites suissesses, dit Mathéus, blanche, noire et rousse, ne sachant comment vous comptiez les appareiller.

— Oh ! cela m’est égal ! répliqua Henriette.

— Tu es tellement absorbée, dit madame Gérard, que tu ne remercies pas M. Mathéus.

— Si, si, répondit la jeune fille, il a dû chercher beaucoup pour imaginer tant de…

— Vous m’avez inspiré, reprit Mathéus ; mais ce n’est rien, d’ailleurs, c’est une esquisse que vous terminerez.