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vases et d’animaux sculptés. De belles pelouses semées de corbeilles gigantesques de géraniums, d’hortensias, de fuchsias, enveloppaient le château, entourées d’un bois de charmes qui donnait son nom à la propriété. Des ruisseaux d’eau vive coulaient à travers ; un étang avec un kiosque, des barques, occupait une petite vallée. Des toits élégants, pointus, girouettés, grecs, indiens, turcs, renaissance, surgissaient du milieu des arbres et indiquaient des constructions de destinations diverses.

Mathéus conduisit les trois dames dans un petit salon où était préparé un joli déjeuner de femmes.

« Il faut prendre des forces, dit-il à Henriette, nous avons de grandes promenades à faire.

— Je n’aime pas à marcher, dit-elle.

— Cela te fera du bien », reprit madame Gérard.

La jeune fille se sentait encore moins de forces là, sur un sol étranger, qu’aux Tournelles. Elle mangea à peine. Mathéus s’en inquiéta.

« Je n’ai jamais déjeuné hors de la maison, dit-elle.

— Tu n’es pas si bien servie à la maison, dit madame Gérard.

— Vous serez à merveille ici, reprit madame Baudouin : tout est de si bon goût, si commode, si beau ! et il est impossible de voir personne plus aimable, plus empressé, que M. Mathéus. Il ne faut pas le méconnaître !

— Tout vient de vous, s’écria Mathéus, je n’ai aucun mérite. Sans vous, ceci n’était qu’une grande carcasse de pierre et un désert. Encore n’ai-je pu en faire arranger qu’une partie.

— Je suis fâchée, dit la jeune fille balbutiante, inquiète, nerveuse, morne, que vous ayez pris tant de peine.

— C’est la seule chose qui m’ait rendu heureux dans ma vie »

Le déjeuner fini, Matbéus proposa de voir le parc.

À peine eut-on fait quelques pas, qu’arriva une autre petite voiture basse à un cheval, à deux places, qui suivit les promeneurs.

Comme vous m’avez dit que vous étiez fatiguée, expli-