La grosse mécanique ainsi arrangée était en effet fort belle à voir. Le bois, tout neuf, bien verni, donnait des idées de bons fauteuils et de bonnes chaises à faire. L’acier et le fer, reluisant d’un reflet sombre et bleuâtre, étaient imposants par leurs grandes masses tranchantes.
« Avec ceci, reprit Pierre, il y a une révolution ! »
Et il ajouta :
« Si Mathéus me comprend, il y a une fortune immense. Je couvre la France d’usines ! »
Les valets de ferme posèrent les joujoux à terre pour écouter et se reposer.
« Voulez-vous les reprendre ! » cria Pierre, qui avait ses idées sur l’organisation d’une fête, et qui ne voulait pas tolérer de laisser-aller.
Puis il se retourna vers sa femme et sa fille et leur dit :
« Allez donc vous habiller : nous emmenons la charrue à la Friche pour la faire fonctionner devant mes hommes, ensuite nous faisons une petite fête chez Lamoureux-Brisemiche, à la ferme. »
Pierre comptait donner à boire à une trentaine de paysans, hommes et femmes, leur faire un petit discours, leur laisser les joueurs de musette pour danser, puis revenir à la maison célébrer par un bon dîner bien arrosé la grande journée.
Pendant que « ces dames » s’habillaient, il tournait tout autour de la charrue, se baissait, fourrait son cou dans les socs, qui avaient l’air de couteaux de guillotine, caressait les bœufs, rangeait les fleurs, les rubans, et donnait des explications à Aristide, qui le suivait avec un intérêt marqué. Ensuite, il ordonna aux musiciens de tirer quelques notes de leur instrument bizarre. C’était une sérénade pour sa femme, sa fille et pour lui.
Corbie vint.
« Eh bien ? » lui dit son frère avec une simplicité grandiose.
Corbie admira tout. L’appareil des rubans, des grelots, des musettes, communiquait un enthousiasme involontaire.
Henriette et madame Gérard descendirent. On délibéra s’il fallait faire atteler ou aller à pied. Madame Gérard déclara