« Il est faible et emphatique. Il me débite un vieux sermon », se dit Henriette. « Je penserai longuement à tout ceci », répliqua-t-elle pour en finir.
— Alors je puis donner de l’espérance à madame votre mère ? » demanda le curé.
« Ah ! pensa la jeune fille, c’est elle qui les souffle tous. »
Afin de se débarrasser du curé, elle reprit « Ne désespérez pas !
— Plaise à Dieu ! Nous en serions tous bien joyeux ! Avec tant de qualités, il était impossible que vous ne rentrassiez pas de vous-même dans la bonne voie. Permettez-moi aussi, chère mademoiselle, de vous rappeler l’accomplissement des devoirs religieux comme la meilleure sauvegarde. »
Madame Gérard rentra, pareille à une statue du chagrin. Depuis trois jours, elle se laissait tomber sur les fauteuils, ou se soulevait avec effort, prenait le bras de quelqu’un pour s’appuyer en marchant, et languissait à merveille.
Henriette ne se défia pas de cette nouvelle attitude et en fut émue. « Est-ce donc moi qui ai mis ma mère en cet état pénible ? » se demandait-elle.
Madame Gérard dit au curé, afin d’avoir un prétexte pour l’emmener : « Pouvez-vous m’entendre aujourd’hui ? » Et elle sortit avec lui, se traînant à son bras. Le curé lui prodiguait des attentions infinies, comme à une grande malade. De tels soins formaient un muet reproche contre l’insensibilité d’Henriette.
« Je suis forte, » répétait avec un sourire triste madame Gérard, paraissant résister à ces attentions et essayer de dissimuler son état.
« Hélas ! je ne crois pas, » répondait le curé. Appuyez-vous bien sur moi !
Il était persuadé des douleurs de cette mère frappée dans sa famille.
« Je la fais souffrir ! » se dit Henriette avec découragement.
Devoir, obéissance, mariage, ces trois mots s’inscrivaient pour ainsi dire sur les murs du salon. Si la jeune fille fermait les yeux, ils tournaient autour d’elle, persécuteurs, tyranniques, obsédants.