cette voix affectueuse qui dissolvait doucement, délicatement, son irritation chagrine.
— Oh ! et puis, continua-t-il, s’il fallait s’inquiéter de ce que disent les gens !
— Ah ! quelque nouvelle aventure, s’écria madame Germain. Eh bien ! que dit-on ? Je verrai si cela doit t’inquiéter ou non.
— C’est absurde, dit Émile. J’ai rencontré le frère d’Henriette ! La voix du jeune homme frémissait… Il paraît que dans la famille… Il s’arrêta, des larmes venaient à ses yeux… On croit que je voulais l’argent des Gérard !… Il éclata en sanglots nerveux comme une femme.
— Calme-toi, calme-toi, dit madame Germain en lui essuyant les joues avec son mouchoir et en l’embrassant. C’était inévitable, mais tu as ta conscience ! Tu leur imposeras silence en marchant la tête droite !
— Oh ! dit Émile toujours en proie à son émotion, c’est odieux ! Je n’en guérirai jamais.
— Oui, reprit madame Germain, mon pauvre enfant, ne pense plus à cette maison. C’est une rude épreuve pour ton orgueil ! Mais ne songe plus qu’à revenir à la santé… pour moi ! »
Madame Germain cherchait à ranimer Émile, mais elle était vivement atteinte par cette injurieuse opinion qui, en se répandant dans la ville, pouvait ternir l’honneur de son fils.
« Enfin, c’est peu de chose, ajouta-t-elle, un bruit sans fondement qui tombe de lui-même. Les mauvaises gens n’ont que des insultes à jeter contre les autres ! »
Émile secoua la tête, et il devint impossible d’en tirer une parole de plus.