— Pas assez riche ?
— Non, c’est une tournure particulière que je voudrais y donner, avec des choses encore plus simples.
— Ah ! dit Mathéus, je suis sûr que vous feriez des prodiges de goût. Votre mari devra vous laisser aller à votre guise et tout confier à vos inspirations.
— Mon mari, dit la jeune fille moitié triste, moitié moqueuse, et songeant de nouveau à Émile, ne sais quand il viendra !
— Peut-être attendrez-vous moins longtemps que vous ne pensez.
— Qu’en savez-vous donc ? s’écria-t-elle impérieusement, avec un éclat de voix qui attira l’attention générale.
— Que dis-tu, Henriette ? cria madame Gérard ; qu’est-ce qui t’anime ainsi ? Elle craignait qu’il ne fût survenu quelque heurt sur un écueil.
— Oh ! rien, ma mère nous causions, monsieur et moi. »
Alors madame Baudouin s’avança comme une grosse boule roulante, et vint prendre Henriette par la main.
« Voyons, ma chère enfant, nous allons vous mettre à contribution encore. Richesse oblige ; il faut se dévouer au bonheur des autres. On dit que vous récitez les vers à merveille. Vous allez nous en dire quelques-uns.
— Oh ! vraiment ? dit Henriette ; toujours moi ? On doit en être fatigué !
— Toujours vous ! Mademoiselle, répliqua Mathéus ; nous ne pouvons souhaiter rien de mieux.
— D’ailleurs, je vous tiens, ma belle enfant, reprit madame Baudouin. Chacun sa part : madame Vieuxnoir a eu la peinture, M. Mathéus la musique, les vers sont pour moi ; vous ne pouvez pas me refuser. »
Henriette, troublée des paroles de Mathéus, les commentait. Elle croyait qu’il connaissait Émile et aurait voulu lui en reparler. Ce qu’on lui demandait lui était désagréable ; elle savait avoir affaire à de ridicules enthousiastes, mais, n’ayant jamais eu de meilleur auditoire, elle se décida à en finir pour obtenir plus promptement quelque explication de Mathéus.
Henriette récita je ne sais quels vers parmi des transports