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vous en parler aussi comme d’une chose plus précieuse que le reste. Mais je vous assure que cela ne me préoccupe plus et reste maintenant vide de sens pour moi. Ma seule réputation, Émile, c’est de vouloir être à vous, et je la regarderais comme perdue si je cessais de penser à vous et de vous aimer. Je ne veux me faire d’autre devoir que celui-là.

« Je crains qu’on n’essaye maintenant de nous faire bien du mal, et je n’écouterai jamais rien de ce qui sera dit contre vous. Je ne me fierai qu’à ce que vous m’avez dit, vous qui êtes le vrai, le seul que je croie, dont j’accepte les pensées. Voilà ce que je voulais vous dire, mon Émile ! Je vous écris avec un profond chagrin, je suis tout attristée et je souhaite que vous ne soyez pas comme moi. Je ne suis cependant pas désespérée ; que je voie, que j’apprenne quelque chose de vous, et j’aurai du courage pour résister à toutes les tentatives qu’on va faire pour nous désunir. Je prévois qu’on va employer d’étranges moyens, je suis prête à tout et contre tout. Je n’ai personne à moi, ici, et il est cruel de renfermer en soi-même ce qui vous oppresse et vous cause de la peine, mais je penserai à vous toute la journée et je ne céderai pas. Adieu, mon cher bien-aimé mari ! je vous serre sur mon cœur de toute ma force.

« Comme nous avions raison de regretter, une fois, de n’être pas nés paysans dans le même village »


Si Émile avait reçu cette lettre, violente et désespérée, jamais on n’aurait pu l’empêcher d’épouser Henriette.

La jeune fille relut ce qu’elle avait écrit et ne pouvait s’en séparer, parce que ses idées écrites restaient ainsi toujours devant elle et la soulageaient. Enfin elle plia sa lettre et songea à l’envoyer. La cuisinière Marie lui parut la seule personne propre à cette mission. Elle alla la trouver à la cuisine.

« Tenez, ma bonne Marie, si vous m’aimez un peu, tâchez donc de faire arriver cette lettre-là à la poste de Villevieille.

— Jean la portera avec les autres, Mademoiselle. » Henriette craignit que sa missive ne fût surprise, si ma-