Corbie enrageait, comparant ses intentions vertueuses qui avaient été repoussées, à celles du jeune homme inconnu.
On n’apprit rien à Pierre de tout le jour.
« Te rappelles-tu, lui dit sa femme le lendemain, que le jardinier a demandé à mettre du verre sur le mur pour empêcher les escalades ?
— Oui, dit Gérard est-ce qu’il a vu des voleurs ?
— On ne sait pas, répondit sa femme, si ce sont des voleurs ou si les gens qui sont venus avaient d’autres intentions.
— Quelles intentions ? demanda Pierre ; je ne vois que les voleurs qui s’amusent à passer par-dessus les murailles.
— Oh ! dit Corbie, ce sont bien des voleurs, mais d’une autre espèce.
— Enfin quoi ? reprit Pierre : des voleurs ou des amoureux, alors !
— J’aimerais peut-être mieux les premiers, ajouta Corbie.
— Tu parles beaucoup, toi, répliqua brutalement Pierre impatienté. Des amoureux ? pour Henriette ? allons donc ! Elle est si tranquille, la petite ; elle n’y pense guère ! — Elle a bien l’âge dit madame Gérard.
— Ainsi, vous avez peur qu’il n’y ait un petit jeune homme ? demanda Pierre inquiété. Ce sont tous ces vers que vous lui laissez apprendre !
— C’est une chose grave, dit maladroitement le curé.
— Enfin, s’écria Pierre, a-t-elle un amant ? N’en a-t-elle pas ? A-t-on vu quelqu’un ? Il serait bien plus simple de s’expliquer. »
Madame Gérard répliqua :
« Il est possible qu’il n’y ait pas grand mal jusqu’ici ; mais il est temps que nous nous en mêlions. Voilà ce que j’ai trouvé chez elle. »
Elle tendit le portrait à Pierre, qui l’examina curieusement et demanda :
« Eh bien ! qu’avez-vous dit à Henriette ? Qui est ce garçon-là ?
— Personne ne le connaît, répondit madame Gérard. Ma fille m’inspire d’ailleurs assez de confiance.