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— Connaissez-vous un homme qui s’appelle Cardonchas ? demanda-t-il brusquement à Euronique après un moment de silence.

— Ah ! si je le connais, cette vieille bête ? Il a la cervelle à l’envers. Il a voulu m’épouser !

— Est-ce qu’il ne fait pas la cour à la petite Hillegrin ?

— À l’ouvrière ? dit Euronique avec une fureur comique, allons donc ! il faudrait qu’elle en ait davantage dans ses tiroirs rongés par les rats. C’est à moi qu’il l’a faite, la cour ! le vieux fripon ! Avec son coup de marteau, il est encore malin ; mais je me suis dit : Va, mon vieux, tu sais trop qu’il y a du foin à manger chez Euronique… Louis ne put s’empêcher de rire.

— Est-ce que vous avez aussi dansé avec lui ? interrompit-il.

— Quoi, danser ? dit-elle, la danse des écus, oui ! moi je ne danse pas !

— Il dansait pourtant toujours avec l’ouvrière, reprit Louis poursuivant son enquête.

— Ah ! pardine ! elle aura flairé la ferraille de Cardonchas.

— Quelle ferraille ?

— Eh bien ! ses antiquailles.

— Des antiquailles ? comment ?

— Il s’est fait un musée comme au département, des vieilles pierres, des « rouilleries ».

— Quel est donc son métier ?

— Vigneron. Mais, continua Euronique en riant à son tour, il pioche toute la journée pour déterrer des vieux morceaux de pots cassés, il invente des mécaniques, il veut devenir préfet. Plus souvent que j’aille l’épouser, ce vieux va de travers, pour me changer mon argent en