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repens bien de ce que j’ai fait ; ce n’est pas par méchanceté. J’avais peur qu’on ne gruge monsieur, qui est si bon… Je vais faire à monsieur son dîner fin comme à l’ordinaire.

Louis ne semblait pas décidé à renvoyer Euronique ; probablement elle représentait un petit obstacle à son amour qui en augmentait le prix et y donnait le caractère de fruit défendu.

— Si vous restez à mon service, dit-il, c’est à mademoiselle Hillegrin que vous le devez. Tandis que vous excitez son frère, elle intercède pour vous !

Louis comptait les réconcilier en enchaînant Euronique par la reconnaissance.

— Je vais aller la remercier, reprit Euronique. Et, en en effet, la vieille créature fausse dit humblement à Lévise : « Mademoiselle » Lévise, je vous remercie bien de votre bonté, c’est vous qui me faites rester ici.

— Moi ! dit Lévise avec surprise, mais joyeuse que Louis lui eût attribué le droit de faire grâce

Ce qui n’empêchait pas que ce fût encore une maladresse de la part du jeune homme, car Euronique commença à penser que Lévise était la maîtresse dans la maison. Mais la grande affaire de Louis, c’était de faire plaisir à la jeune fille et il y avait réussi.

Quand Louis sentait Lévise dans sa maison, lorsqu’il la savait à deux pas de lui, un invincible besoin d’avoir sous les yeux la figure de la jeune fille, de parler avec elle, de s’informer de ce qui la concernait, saisissait le jeune homme et l’attirait dans la chambre où travaillait la paysanne. Il se trouvait enfant et il éprouvait toujours un léger battement de cœur chaque fois qu’il posait la main sur la serrure de la porte qui le séparait de Lévise.