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— Je me suis amusée à les cueillir en chemin parce que j’avais vu qu’on ne faisait rien de ces vases… et puis parce que c’est plus gai… et que ça ne coûte pas bien cher !…

— J’en mettrai deux bouquets en haut dans ma chambre, dit Louis en saisissant deux grosses poignées d’herbes.

Lévise était pleine de joie de l’accueil fait à ses fleurs.

— Mais vous avez dû vous fatiguer à les cueillir ! dit Louis.

— Oh ! j’en aurais apporté davantage, mais je ne savais pas trop si cela vous plairait. Tout le monde n’aime pas les herbes communes.

— Je vous en remercie beaucoup. Si j’avais eu quelque chose à vous demander, ç’aurait été en effet des bouquets des champs.

Louis se mit à aider Lévise. Ils vannaient l’énorme gerbe et faisaient une pluie de fleurs en les secouant pour les trier et les mettre dans les vases. Leurs mains se rencontraient. Ils se regardaient en souriant. Quelques petites exclamations s’échappaient de leurs lèvres, quand les mains se touchaient et se retiraient rapidement. Les regards avaient quelque chose de particulier, de clair, de pénétrant. Les fleurs exhalaient une odeur vive et subtile. Louis eut peur. Sa tête se troublait. Lévise était trop près de lui. Il tremblait. Il se sauva, emportant les deux vases dans sa chambre. Puis il sortit. Il avait besoin de rafraîchir son esprit et sa tête, que cette petite alerte matinale avait singulièrement mis en feu. Il resta toute la journée dehors, car cet ébranlement eut quelque peine à s’apaiser.

Louis était étonné, inquiet. Il se repliait sur lui-même.