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CHAPITRE II


le seuil de la maison


Louis avait désormais un ennemi domestique dans la personne d’Euronique. Mais, sûr de s’en débarrasser quand il lui plairait, il considérait la servante comme un amusement.

Le jeune homme sortit et s’en alla tranquillement le long de la route. Le ciel était couvert ; la lune, voilée par les nuages, éclairait la campagne d’une lueur égale et vague. Un silence absolu, plus sensible que des milliers d’immenses bruits, couvrait aussi la plaine où brillaient quelques lumières.

Louis, rafraîchi par l’air et par la réaction qui succédait à l’ébranlement de l’heure précédente, se sentait heureux, calme surtout. Il comparait avec joie le passé triste, ennuyé, à travers lequel il s’était traîné, aux journées vivantes qui venaient de s’écouler. Il était plein d’espoir pour toutes choses, pour l’avenir. Il avait confiance en lui. Il était plus léger. Une certaine allégresse chantait dans son sein. C’était moins à Lévise qu’à lui-même qu’il