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— Les voilà ! dit Lévise, dont la voix s’éteignit dans sa gorge contractée par l’effroi.

Louis ne put en supporter davantage. Il fit brusquement volte-face, et d’un bond se trouva sur les braconniers, hors de lui, vert, les dents serrées et les lèvres retroussées. Cela était mieux l’affaire de Guillaume. Il s’y connaissait, à ces symptômes de querelle.

— Que voulez-vous ? dit Louis d’un accent sifflant ; il s’adressa à Volusien : Vous, je vous ai défendu de jamais reparaître devant moi ! et vous, misérable, je vous défends de me suivre, vous allez retourner par là !

Il montra avec le bout de sa canne la direction d’où ils venaient.

— Oh, oh ! répliqua Guillaume non moins emporté, ôte-toi toi-même de mon chemin, ou je te brise tes méchants petits os !

Louis lui lança un coup de canne. Guillaume para et une bataille sans quartier commença enfin. Le premier choc des bâtons, les piétinements, la façon dont les deux hommes se ruèrent l’un sur l’autre, tout fut effrayant de bruit, de mouvement et de menace.

Lévise jeta un grand cri, dix autres y répondirent, poussés par les femmes qui se trouvèrent à l’entour. Tout le monde pensa que Louis allait rester sur le carreau. Lévise cessa d’avoir peur pour elle, elle ne vit plus que le péril de son ami menacé par un être qu’elle exécrait, elle se précipita vers les deux combattants, convaincue dans son désir ardent de défendre Louis qu’elle allait pouvoir arracher le bâton des mains du braconnier et l’en frapper, mais le capitaine la saisit à bras le corps et la retint :

— Malheureuse, dit-il, vous lui feriez encore casser la tête plus vite et à vous aussi.

Elle se débattit comme un chat sauvage, désespérée de