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de la route. Deux par deux, trois par trois, hommes et femmes, une centaine de paysans s’étaient mis en marche pour voir la suite de l’affaire. Le capitaine et l’aubergiste, Louis et Lévise allaient sur le même rang. Les deux partisans de Louis ne savaient trop que lui dire : le blâmer, lui donner le conseil de quitter le pays ? Il ne paraissait pas avoir envie de parler.

Guillaume dit, après quelques pas, à Volusien :

— Rapprochons-nous, qu’ils nous sentent au moins sur leurs talons. Voilà deux occasions manquées. Gare la troisième ! Si j’avais eu un port d’armes, ce serait fait maintenant. Avançons toujours. Je ne lui ai pas encore parlé, à lui.

Guillaume était désorienté, il aurait voulu se jeter sur Louis et en même temps se le réserver pour un meilleur moment. Il avait besoin de faire savoir à Louis qu’il le « rattraperait ».

Ils forcèrent en effet le pas, et Louis, qui ne voulait pas même leur faire l’honneur de regarder derrière lui, devina qu’ils se rapprochaient. De son côté, Lévise n’osait pas se retourner, elle avait un peu moins peur en ne les voyant pas.

Le capitaine dit enfin à Louis :

— Vous n’avez guère été prudent.

Le jeune homme ne l’écoutait pas : les braconniers étaient à cinq ou six pas derrière lui, les paysans serraient aussi peu à peu leurs rangs pour se maintenir à l’allure des acteurs de ce drame.

— Les gredins ! dit à très-haute voix Guillaume, ils s’imaginent que c’est fini, ils se sauvent, ils croient en être quittes pour la peur !

Le capitaine, qui ouvrait la bouche pour parler encore de prudence, s’arrêta.