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imposerait. Il sentait même que s’il était frappé, le coup porterait mal, ou qu’il y résisterait mieux qu’en toute autre circonstance. Il en était sûr.

— S’ils font un signe, un geste, s’ils disent un mot, se promit-il, advienne que pourra, je lève ma canne.

Il espérait, il aurait voulu que Guillaume fît une démonstration quelconque. Mais celui-ci fut retenu encore une fois par un sentiment d’inaction qu’il ne pouvait s’expliquer. Ces manières de dédain, de provocation muette le déroutaient. Il n’avait pas confiance dans son bâton. Les événements de l’église l’avaient pris à l’improviste, dérangeaient ses combinaisons, ses préparatifs. Il comprenait aussi que Volusien ne le seconderait pas. S’il avait eu son fusil, l’habitude de l’arme l’eût entraîné. Mais là d’ailleurs un instinctif respect du lieu religieux le retenait. Et puis, il l’avait dit à Volusien, il préparait un affût pour tirer à coup sûr. Pendant qu’il s’étonnait de ses incertitudes, Louis et Lévise étaient sur la route. La jeune fille n’avait pas eu conscience qu’elle vivait pendant la minute qui fut employée à descendre les marches.

Une fois sur le chemin, elle reprit un peu de courage et l’espérance que le danger était passé lui revint.

Le capitaine et l’aubergiste attendaient un peu en avant les jeunes gens, pour les accompagner et les couvrir par leur présence contre une attaque.

Guillaume indécis, ne jugeant pas bons le moment ni les moyens de les assaillir, irrité aussi de n’avoir pas rempli la mission de vengeance que la foule et le curé lui avaient donnée selon son sens, dit à Volusien : Viens derrière eux, le petit brigand fait trop le faraud, je ne sais pas, ça ne peut pas en rester là.

Alors un véritable cortège se trouva échelonné le long