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— Oh ! merci, monsieur, dit la jeune fille pleine de confusion et lui prenant la chaise des mains pour qu’il ne la portât pas lui-même.

— N’aurez-vous pas froid ici ? continua-t-il avec vivacité. Voulez-vous un tapis, un banc sous vos pieds ? Préférez-vous être placée ailleurs ?

— Oh ! je suis très-bien, merci, monsieur, répondait Lévise de plus en plus confuse.

Louis cherchait un coussin, faisant pour Lévise ce qu’il n’eût pas fait pour la femme la plus distinguée. En se retournant, il vit qu’Euronique haussait les épaules.

— Eh bien ! lui cria·t-il, irrité de ce mouvement irrespectueux, donnez donc un banc à mademoiselle.

Jamais la jeune paysanne ne s’était entendu appeler mademoiselle par qui que ce fût. Elle se resserrait sur sa chaise, ne pouvant se faire assez petite à son gré, gênée, surprise, mais doucement caressée par les manières du jeune homme, de son « maître » !

Euronique du reste ne bougea pas, et Louis, craignant d’avoir laissé voir une amabilité, une « bienveillance » trop vives, les laissa toutes deux et remonta dans sa chambre.

Mais au bout d’une heure un invincible besoin de se trouver auprès de la jeune fille, de lui parler, de s’informer si la maison lui plaisait, le ramena en bas. Il combattit un instant contre lui-même, et, au plus fort de l’attraction qui l’entraînait vers la petite chambre où travaillait la jeune fille, il se sentit saisir par une singulière timidité. Le sang monta à ses joues, et son cœur battit. Lorsqu’il mit la main sur la clef de la porte de cette chambre, son trouble fut tel qu’il s’arrêta un moment, ne sachant plus ni avancer ni reculer. Il fut même