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— Allons donc ! s’écria Louis avec un accent concentré plein de détermination hostile.

Ils sortirent. — Donne-moi le bras ! dit Louis. Lévise obéit avec un léger tremblement. Elle ne savait à quoi Louis était décidé, mais le sentiment d’agression visible dans toute la personne du jeune homme la remplissait d’anxiété.

— Que va-t-il faire ? se demandait-elle, le cœur agité. Puis elle pensait qu’elle avait bien fait de l’accompagner. Au moins elle pourrait se jeter entre lui et ceux qu’il paraissait disposer à braver. Elle commençait à comprendre son intention.

Les braconniers les suivirent de loin.

À chaque pas, Louis et Lévise dépassaient ou étaient dépassés par des groupes de paysans qui se rendaient aussi à l’église. Tous éprouvaient la même surprise et la montraient à l’aspect de Lévise parée et donnant le bras à Leforgeur ganté et rigoureusement habillé. Louis passait sur le chemin, se tenant hautain et méprisant, mais Lévise avait la tête basse et perdait contenance.

— Elle n’était pas vêtue de la sorte quand elle était avec nous, disait Guillaume à Volusien. Les braconniers s’étonnèrent de les voir entrer à l’église.

— Comment ! ils osent entrer là ! s’écria Guillaume.

À l’entrée de Louis et de Lévise, l’église était aux trois quarts pleine, une petite église nue, humide, sombre et mesquine. Malgré lui il sembla à Louis que les proportions de l’église rapetissaient son acte.

Il fallait fendre la presse pour pénétrer dans le chœur. Lévise voulut quitter le bras du jeune homme, il la retint et la traîna plus morte que vive à travers l’assemblée. Il marcha droit là où les gens étaient le plus serrés. Tout le monde se retourna, il y eut une haie de regards