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qu’il allait faire, à l’annoncer à demi-mots, afin que chacun de ses pas fût suivi avec émotion et que néanmoins l’action dépassât encore l’attente indécise qu’on s’en ferait. Il jouissait déjà des effets que répandraient ses menaces, il voulait atterrer d’abord Louis et Lévise, ainsi que les bêtes fauves font de leur proie.

Les braconniers revinrent dîner à la Bossemartin. Le cabaretier Houdin dit à Guillaume : — Le petit monsieur est venu pour te chercher.

Guillaume fut étonné, puis sourit.

— C’est bien, dit-il, puisque nous nous cherchons tous deux, nous nous rencontrerons.

Il fut satisfait de ce que trois ou quatre têtes se relevèrent quand on entendit ces mots, et que plusieurs des gens réunis dans le cabaret parurent vouloir lire sur sa physionomie le véritable sens de sa phrase.

— Il avait l’air d’un petit furieux, reprit le cabaretier qui avait la passion de la discorde, tu sais, les petits hommes ne sont pas toujours commodes.

Guillaume haussa les épaules.

— Je le ferai tenir tranquille, reprit-il.

La même curiosité inquiète parut remuer les assistants. Alors le braconnier eut l’air de ne plus songer à ce qu’il venait de prononcer et s’attabla avec Volusien. Celui-ci ne parlait plus que de choses indifférentes : le temps, la chasse, le manger. Il était lié à Guillaume comme un animal tenu par une corde. Il suivait tous les mouvements, les pas de son camarade sans observations, sans rappeler en rien le terrible sujet de la préoccupation commune, attendant passivement qu’il plût au beau Guillaume de se décider, et n’ayant d’autre but que d’être toujours auprès de lui sans tremper en quoi que ce fût dans l’agression et les combats.