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voulaient d’une voix un peu faible, décelant un premier et bien légitime mouvement d’émotion.

— Nous voulons te parler, fais-nous entrer ! dit Guillaume avec sa rudesse habituelle.

Pour rien au monde Lévise ne les eût laissés entrer, faire du bruit dans la maison, attirer Louis par là dans quelque combat.

Leur air sévère, contracté, la mit en colère. Elle était habituée à leur tenir tête, et, depuis qu’elle connaissait Louis, les regardait du haut de sa grandeur. Elle sortit, ferma la porte derrière elle, en mit la clef dans sa poche et marcha vivement vers le coin d’une haie un peu plus éloignée, en leur disant : Si vous avez à me parler, venez là, personne ne nous dérangera.

Ils la suivirent et s’arrêtèrent avec elle, Lévise les regarda avec des yeux résolus et reprit : Eh bien !

Son accent était saccadé, sa contenance raide. La jeune fille était décidée à ne pas plier, à ne pas mentir et à repousser hardiment les reproches, les menaces auxquels elle s’attendait.

Volusien voulait que Guillaume parlât le premier. Celui-ci pensait que Volusien prendrait d’abord la parole, de sorte qu’il y eut un moment de silence et d’attente.

— Eh bien ! dit encore Lévise dont le cœur ne battait plus et qui, au lieu de craindre, se préparait à des réponses rudes et violentes.

L’attitude de la jeune fille augmenta l’irritation de Guillaume. Il y voyait l’hostilité évidente, et le signe d’une séparation complète entre eux et Lévise.

— Qu’est-ce que tu fais là-dedans ? demanda-t-il de sa voix la plus brutale en désignant la maison de Louis.

— J’y sers ! répondit Lévise se tenant droite et plon-