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d’un château du voisinage avait mis des trésors à ses pieds, absolument comme dans les contes de fées, le pauvre Louis eut une sueur froide. Elle était assez belle pour que l’histoire fût vraisemblable. Il se fâcha à son tour, lui fit des reproches et menaça de la renfermer. Son imagination travailla, il alla même prendre des informations auprès de l’aubergiste et du capitaine Pasteur sur les habitants des châteaux environnants ; ces informations le convainquirent que Lévise s’était amusée de lui. Mais il vint à penser que si elle plaisantait maintenant, elle avait pu être sérieuse avec le beau Guillaume autrefois. Ce lui fut un retour amer. En courant les ruelles de Mangues, il désirait trouver Guillaume sur son passage, pour l’attaquer. Il alla jusqu’à la maisonnette de Volusien pour provoquer le braconnier, mais elle était vide. Il rentra aigri : pourquoi la jeune fille le plongeait-elle dans ces troubles ?

— Qu’est-ce que toutes ces farces ? demanda-t-il plus que sévèrement.

— C’est la vérité ! dit Lévise, ravie de l’avoir fortement remué.

— La vérité, dit-il, je la sais, moi ! c’est le beau Guillaume qui a pris le premier ce cœur innocent !

La jeune fille pâlit cette fois.

— Oh non ! dit-elle suppliante, je le jure !

— Tu mens ! reprit Louis avec violence.

Mais le repentir de sa brutalité saisit aussitôt Louis en voyant le beau et rayonnant visage de Lévise subitement altéré par ce peu de mots.

— Suis-je lâche, se dit-il, de traiter si grossièrement ma bonne et pauvre enfant, et de quel droit le ferais-je ? n’est-ce pas une stupide méchanceté, une humeur indigne, une faiblesse sans excuse qui me pousse !