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CHAPITRE VII


le large mais trop rapide courant du bonheur


Pour Louis, ce village de Mangues et les alentours étaient vraiment merveilleux. La jeunesse et la gaîté étincelaient, depuis la maison du jeune homme qui en formait le foyer éblouissant, jusqu’à l’horizon. On respirait dans cette campagne non de l’air, mais de la tendresse et de l’enthousiasme. Les maisons, les arbres, la rivière, tout aux yeux de Louis semblait animé d’une vie puissante et active.

Une espèce de fougue se montrait dans les hautes herbes d’un vert éclatant et solide. Les troncs des arbres étaient humides de sève, serrés comme une armée impatiente et s’élançaient pleins de rivalité. Louis saluait le matin la lumière avec un cri de joie, sentant en lui la santé, la force, l’élan de toutes les choses.

Tout l’intéressait ; l’espace entier ou un petit caillou développaient la même expansion d’un charme étonnant. Il ne savait ce qui pour lui ne fût pas précieux, rare, d’une valeur jusque-là inconnue : une pierre, une feuille,