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— Oui, dit Louis qui ne songeait qu’à Mangues et qui fut étonné.

— Tu y retourneras !… ajouta-t-elle de la même façon.

Louis crut qu’elle entendait qu’un jour ou l’autre il l’abandonnerait.

— Je n’y retournerai peut-être plus…

— Tu m’emmèneras avec toi, si tu y retournes, n’est-ce pas ?

— Je t’emmènerai à Paris ! dit Louis, pensant à l’impossibilité d’aller se heurter à sa famille.

— À Paris ! tu veux donc y demeurer, à Paris ! répéta Lévise avec une espèce de stupeur produite par l’effet ordinaire de ce mot. Tu me le promets ?

— Tu as donc peur que je ne te quitte.

— Oh non !

— Nous ne nous quitterons jamais, mais rien ne presse d’aller là-bas ! Tu as donc bien envie de voir Paris ?

— Ou bien la ville !

Louis ne voulut pas l’affliger en lui disant pourquoi il ne pouvait l’y conduire.

— Paris est plus beau, reprit-il, mais tu ne te plais donc pas ici ?

— Je veux être toujours avec toi, et tu ne resteras pas toute ta vie à Mangues.

Louis se demanda si quelque ambition ne saisissait pas déjà Lévise et ne l’invitait pas à s’élancer hors de son nid, si une mobilité impatiente ne la poussait pas ; si même ses paroles ne signifiaient pas que Lévise avait l’arrière-pensée d’un mariage.

En quelques secondes il fit beaucoup de réflexions. Il lui sembla qu’une telle pensée de la part de Lévise ne prouvait pas un grand amour. Il s’était bien juré de ne