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— Non… pas beaucoup.

— Mais un peu ! Vous l’avez pris pour un moyen de vous empêcher de jamais penser à me revoir. Eh bien ! voyez comme on se trompe et comme l’effet est souvent contraire aux intentions. J’espérais vous montrer, bien loin de ce que vous avez supposé, que je songeais à vous, que j’étais fâché et froissé de votre départ, et je croyais vous fournir un bon prétexte pour revenir.

— Ah ! si j’avais compris ! s’écria Lévise ; mais je n’ai pas eu un moment ma tête à moi !

— Ne vous en affligez pas, ce qui est passé n’existe plus, dit Louis. Et, avec votre frère, comment faisiez-vous ?

— Volusien ! il me disait un jour que je m’y étais prise à temps pour revenir à la maison. Le lendemain, il me demandait ce que je gagnerais pour vivre, et disait qu’il aurait pu entrer aussi en service chez vous.

— Je le croyais indépendant ! dit Louis extrêmement surpris.

— Il a de la peine à se tirer d’affaire. Les bois sont trop bien gardés !

— Est-ce qu’il vous aurait convenu que Volusien entrât chez moi ? demanda Louis, entrevoyant une sauvagerie bien ignorante chez ces deux créatures évidemment abandonnées à elles-mêmes, depuis leur jeune âge.

— Nous aurions pu être chez vous tous les deux, dit Lévise.

Louis ne comprenait pas la jeune fille en ce moment.

— Eh bien ! et… s’écria-t-il, mais il ne continua pas ne sachant comment s’expliquer assez délicatement.

Lévise attendait, étonnée elle-même de l’étonnement de Louis. Enfin il se risqua :

— Est-ce qu’on ne jasera pas bien pis ? dit-il.