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Louis rédigea un court reçu de la somme, et appelant la servante, lui dit : Vous allez porter cet argent à mademoiselle Hillegrin, vous la prierez de signer ou de mettre une croix au bas de ce papier où il y a de l’écriture. Si elle n’est pas chez elle, vous me rapporterez le papier et l’argent.

— Mais monsieur ne devrait pas la payer…

— Allez donc ! cria-t-il, en regardant Euronique avec des yeux menaçants.

Louis ne tint pas en place pendant l’heure que la servante employa à sa course. Que va répondre Lévise ? se demandait-il plein d’espoir, peut-être dira-t-elle qu’elle viendra chercher cet argent ? Elle reviendra peut-être avec Euronique. Oh ! pourvu qu’elle soit chez elle et qu’Euronique ne nous joue pas quelque tour.

Euronique entra.

— Eh bien ? s’écria-t-il.

— Voilà le papier. Elle a dit qu’elle ne voulait pas mettre sa croix au-dessous de l’écriture parce qu’elle ne savait pas ce que le papier disait !

— Et elle a pris l’argent ?

— Oui.

— Ah ! dit Louis étonné et mécontent

— Monsieur peut y aller voir !

— Elle a dit qu’il fallait que j’y aille !

— Non, non, c’est moi qui dis que monsieur peut aller s’assurer de ma probité ?

— Qui vous parle de votre probité ? c’est bien !

Louis était plus que contrarié. Il aurait eu du plaisir à voir au moins une croix, si informe qu’elle fût, tracée de la main de Lévise. La défiance de la paysanne contre l’écriture déplut au jeune homme. Croyait-elle donc qu’il voulait lui faire signer un papier dangereux, une