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vent les abbés, et les autres serviteurs peuvent aussi goûter avant les viandes. Il en est de même des médecins qui goûtent auparavant les médecines destinées aux malades. Dans le temps des jeûnes, on quitte les habits précieux pour revêtir des vêtements plus modestes, et on ne mange de viandes ni solides, ni liquides.

XXII. Mais, puisque les poissons sont de la chair, pourquoi en mange-t-on dans ce temps ? Voici la réponse : Dieu n’a pas maudit les eaux, puisque par l’eau devait avoir lieu la rémission des péchés dans le baptême. Car cet élément est le plus digne, puisqu’il lave les impuretés, et que l’esprit de Dieu, avant la création du monde, était porté sur les eaux ; mais il maudit la terre dans les œuvres des hommes ; c’est pourquoi toute chair qui se trouve sur la terre, tant de quadrupèdes que d’oiseaux, ne peut être mangée dans le jeûne ; et, bien que certains oiseaux vivent autour de la mer et dans les eaux, et que quelques-uns naissent dans les eaux ou même des eaux, cependant ils sont censés appartenir principalement à la terre dont ils tirent leur nourriture. En outre, connue certains poissons participent à la nature du quadrupède et du poisson, on peut dans les jeûnes manger la partie de la loutre qui participe de la nature du poisson, mais non pas l’autre. L’usage du poisson, selon saint Grégoire, a été laissé au chrétien comme un adoucissement dans son infirmité, et non pour engendrer l’incendie de la luxure. Enfin, celui qui veut faire abstinence de chair ne doit point préparer de somptueux festin, en prenant les poissons les plus beaux et les plus délicats de la mer. On doit aussi, dans le jeûne, user du vin de manière à éviter entièrement l’ivresse. C’est pourquoi, dans le Pénitentiaire romain, il a été décrété qu’on ne devrait user, et avec modération, dans le temps de la pénitence, que de très-petits poissons et de petite bière. Enfin, il faut remarquer, comme le dit saint Grégoire dans l’homélie de cet évangile : Homo quidam fecit cœnam magnam « Un homme riche fit un grand festin, »