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ront quand il viendra nous juger pour nous glorifier. Au reste, à chaque salut la messe prend un autre caractère, et d’une partie passe à l’autre. C’est pourquoi on met en tête de chacune de ces parties un salut ; car, lorsque nous entrons pour la première fois dans une corporation d’ouvriers, nous avons coutume de leur donner la bien-venue (salutare eos), et c’est d’après ce principe qu’il y a huit parties dans la messe. Le prêtre salue le peuple une huitième fois, comme le veulent quelques-uns, savoir, après l’offertoire et avant la secrète (secretellam) ; car, au moment où il se tourne vers le peuple pour dire Orate, fratres, etc., il doit prononcer tout bas le Dominus vobiscum.

X. Mais quoique, selon la règle ordinaire, nous présentions notre figure à ceux que nous saluons, pourtant le prêtre ne se tourne vers le peuple qu’en cinq des saluts précités. Car dans le salut qui précède l’évangile il ne se tourne pas, parce qu’il s’emploie tout entier à annoncer la parole de Dieu ; il ne se tourne pas non plus en faisant le salut qui est avant la préface, parce que toute son attention est absorbée dans l’offrande du sacrifice ; il ne se tourne pas non plus en faisant le salut qui précède le baiser de paix, parce qu’il tient le corps du Christ entre ses mains, et qu’il a élevé son cœur vers Dieu. Et il est tout-à-fait attentif à manier ce corps divin avec révérence ; car tout homme qui, ayant la main à la charrue, regarde en arrière, n’est pas digne du royaume de Dieu (Extra De vo. magnæ). En outre, le cinquième salut que le prêtre fait au peuple, en disant : Dominus vobiscum, et en se tournant vers lui, symbolise les cinq apparitions du Christ à ses disciples au jour de sa résurrection. La première, à Marie-Madeleine (saint Jean, xx, et saint Mathieu, à la fin). La seconde, à la même et aux autres femmes, lorsqu’elles s’en revenaient du sépulcre, quand il leur dit : « Salut » (saint Mathieu, à la fin). La troisième, à Pierre. La quatrième, aux deux disciples qui allaient à Emmaûs. La cinquième, dans la maison aux dix disciples, en l’absence de [saint] Thomas (saint Jean, xx). Mais,