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la Pentecôte, parce que, les samedis qui précèdent ces dimanches, on met à part l’eau bénite dont nous aspergeons nos personnes et nos maisons, et cela avant l’infusion du chrême dans les fonts bénits, comme on le voit dans le canon Cautum, etc. Donc, avec l’eau bénite nous aspergeons nos corps et tous lieux, en témoignage du baptême. On ne nous asperge pas pour que nous soyons rebaptisés, mais pour que nous invoquions la grâce du nom de Dieu en même temps que le souvenir du baptême ; et, quoique pendant les deux dimanches de Pâques et de la Pentecôte on asperge l’autel, pourtant on ne chante pas alors l’antienne Asperges me, Domine, etc., parce qu’alors nous devons plutôt pleurer lorsque nous nous rappelons que nous avons été purifiés par le Christ, par le supplice de sa passion, selon cette parole : « Je repasserai toujours ces choses dans ma mémoire ; et mon ame s’anéantira en elle-même. » Donc, les dimanches avant la messe et devant le grand autel seulement on asperge tout le peuple, quoique aux nocturnes et aux vêpres on encense tous les autels ou au moins les principaux.

V. Sur quoi il faut considérer que cette aspersion se fait pour une autre raison sur le peuple et sur les autels, parce que Dieu a mis tous les hommes sous le joug du péché, au moins du péché véniel, car le juste tombe sept fois par jour. C’est pourquoi le peuple, entrant dans l’église pour assister aux divins mystères, est aspergé de cette eau sanctifiée, qui est pour effacer les fautes de chaque jour, comme la cendre de la génisse dans l’Ancien-Testament. D’après cela, celui qui est immonde était tenu à l’écart de l’assemblée du peuple (ecclesiam), jusqu’à ce qu’il fût lavé par l’eau. On asperge l’autel par respect pour le sacrement qu’on y doit consacrer, afin d’en écarter tous les malins esprits. Et, comme le Christ est symbolisé par l’autel, qui doit être de pierre, selon cette parole de l’Apôtre : « Le Christ était la pierre, » et notre foi est en un seul Christ et non en plusieurs, voilà pourquoi, afin