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qui règne déjà avec le Christ. Or, comme le saint père le pape représente expressément le Christ, qui réellement et sacramentellement s’est incorporé à une partie de son corps mystique, c’est pourquoi ni lui ni le diacre ne prennent ladite partie ; ni le diacre, ai-je dit, parce qu’il représente la loi évangélique, qu’il est chargé de lire, et qui est une loi d’amour ; car c’est par l’amour de la charité que chacun est incorporé au Christ, qui est le chef, et à toutes les parties de son corps mystique. Or, le sous-diacre représente la loi ancienne, qu’il lit souvent, et qui était la loi de crainte. Mais la crainte n’existe pas dans la charité ; que dis-je ! la charité chasse la crainte, et voilà pourquoi le diacre prend lui-même sacramentellement la particule mêlée au sang, peut-être comme figure, parce que le mélange de cette partie avec le sang figure ladite incorporation, que ne produisait pas la loi ancienne, quoiqu’elle la figurât.

X. Or, il faut remarquer en peu de mots que le prêtre, avant la réception du corps et du sang du Christ, doit dire les oraisons instituées par les saints Pères ; ensuite il doit méditer sur l’incarnation, la passion et la vertu de ce sacrement, en disant : Panem cœlestem accipiam, etc. ; « Je prendrai le pain céleste, etc. » Mais comme, aussitôt après ces paroles, il ajoute : Domine, non sum dignus, etc. ; « Seigneur, je ne suis pas digne, etc. ; » il semble se contredire. Loin de nous cette pensée ; car, en disant panem, il s’excite lui-même à la dévotion en rappelant à sa mémoire ce qu’il va prendre, c’est-à-dire le pain descendu du ciel, et comment il doit le prendre, savoir : en invoquant le nom du Seigneur, afin qu’ainsi il le prenne avec plus de respect et de crainte ; et, en disant ensuite : « Seigneur, je ne suis ! pas digne, etc., » il s’humilie et confesse son indignité, car, s’exercer à la dévotion et professer l’humilité ne sont pas des choses qui s’excluent.

XI. Ainsi, le moment convenable pour communier, c’est avant la dernière oraison que l’on dit pour compléter le sacrifice, parce qu’en cet endroit surtout on prie pour ceux