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nous avons déjà parlé. Nous nous donnons encore la paix avant que de communier, pour montrer que la concorde subsiste entre nous, et que nous prenons le corps du Seigneur dans cet esprit d’union, sans lequel nos présents ne sont pas reçus par le Seigneur.

VIII. Or, à la messe pour les morts, on ne donne pas la paix, parce que les âmes des fidèles ne sont déjà plus et ne seront plus désormais au milieu des désordres de ce monde ; mais déjà elles se reposent dans le Seigneur. D’où vient qu’elles n’ont pas besoin du baiser de paix, qui est le symbole de la paix et de la concorde. C’est pourquoi, dans cette messe, on ne dit point l’oraison : « Seigneur Jésus, qui as donné la paix à tes apôtres, etc., » et le prêtre ne reçoit pas la paix de l’autel. Nous parlerons de cela dans la sixième partie, au chapitre de l’Office des morts. De là vient que, même entre les moines, la paix ne se donne pas, parce qu’ils sont censés morts au monde (De consec., d. ii, Pacem).

IX. Les hommes et les femmes ne se donnent pas le baiser de paix dans l’église, de peur qu’il ne s’y glisse quelque indécence, parce que là on doit éviter les embrassements charnels, et les actes doivent être chastes et spirituels. C’est ce qui fait que les hommes sont séparés des femmes dans l’église.

La paix chasse la haine, la paix nourrit un chaste amour.

X. Le baiser, dans l’Écriture sainte, signifie certainement l’union, la charité, la paix, le respect. Touchant le baiser de l’union, l’épouse dit dans le Cantique des cantiques : « Il me donnera un baiser de sa bouche. » Sur le baiser de la charité, Isaac dit à son fils : a Approche-toi de moi, mon fils, et donne-moi un baiser. » Sur le baiser de paix, l’Apôtre dit : « Saluez-vous mutuellement dans un saint baiser. — Dieu est un Dieu de paix et d’amour, etc. » Touchant le baiser respectueux, le Seigneur dit à Simon : « Tu ne m’as pas donné le baiser, et cette femme, depuis le moment où je suis entré chez toi, n’a cessé de me baiser les pieds. » Et Esther, en signe