Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/358

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est le Père commun de la nature ; et de l’indignité, afin que nous ne nous rendions pas indignes d’un Père si grand, qui réside dans les cieux. Car Dieu est le Père, par nature, du Christ seul, à qui seul il convient de dire : « Mon Père. » Or, il est, par sa grâce, le Père des fidèles, à qui il appartient de dire : « Notre Père. » Le Christ dit : « Mon Père, s’il est possible, fais que ce calice s’éloigne de moi ; » et nous, nous disons : « Notre Père qui es dans les cieux, que ton nom soit sanctifié. » Le Christ dit de lui-même : « Je vais à mon Père et à votre Père, » à mon Père par nature, à votre Père par la grâce. Par ces paroles, il nous exhorte encore à deux choses, à savoir : à conserver la grâce d’adoption, en disant Pater, et l’union de la fraternité, lorsqu’il dit noster. De plus, en ce qu’il dit Pater, qui est un nom pieux, on remarque sa bonté et la dévotion de l’Eglise qui l’appelle aussi Père. Ce mot noster indique la dilatation de la charité ; par ce mot in cœlis, c’est à-dire parmi les saints, dont la demeure a été éloignée de la lie de ce monde, on désigne la miséricorde de Dieu.

III. Or donc, comme on commence, dans cette oraison, par une captation de bienveillance, il faut savoir que l’on capte la bienveillance par le concours de trois personnes, c’est-à-dire du juge, du demandeur et de l’assesseur. Le juge, c’est Dieu ; le demandeur, c’est l’homme ; et l’assesseur, c’est l’ange. Le prêtre capte la bienveillance du juge, quand il dit : Pater ; du demandeur, lorsqu’il dit : noster ; de l’assesseur, en disant : qui es in cœlis, c’est-à-dire parmi les anges ou les saints, dont le Psalmiste parle ainsi : « Les cieux célèbrent la gloire de Dieu ; » par où nous avons l’espoir qu’il nous rendra saints ; ou hier dans les cieux, c’est-à-dire dans le secret de la majesté divine, ce qui nous donne la confiance d’obtenir les biens cachés que l’œil n’a pas vus, que l’oreille n’a pas entendus, et que le cœur de l’homme n’a pas sentis. Il nous inspire donc la confiance d’obtenir ces biens ; aussi ne disons-nous pas : « Seigneur [toi] que l’on sert avec crainte, » mais : « Notre Père [toi] que l’on