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dominicale après le canon, et il assure, dans son Registre[1], qu’il était inconvenant de réciter sur l’hostie une oraison composée par un scolastique (ou écolâtre), tandis que l’on omettait celle que le Seigneur lui-même avait dictée et que les apôtres avaient coutume de dire. Chez les Grecs, elle est chantée par tout le peuple, et chez nous par le prêtre seul.

IV. Or, il faut remarquer que cette oraison surpasse toutes les autres pour quatre raisons, à savoir : par l’autorité de celui qui nous l’a enseignée, qui est Jésus-Christ ; par la concision des paroles ; par la suffisance des demandes, et par la fécondité des mystères. Par l’autorité de celui qui nous l’a enseignée, parce qu’elle fut prononcée par la bouche du Sauveur lui-même, apprenant à prier à ses apôtres, et c’est pour cela qu’elle est appelée Oraison dominicale. Par la concision des paroles, parce qu’on la dit et qu’on la prononce facilement, d’après cette recommandation : « Lorsque vous priez, ne parlez pas beaucoup. » Par la suffisance des demandes, puisqu’elle renferme les choses nécessaires à l’une et à l’autre vies. Par la fécondité des mystères, parce qu’elle contient d’immenses sacrements.

V. Car, quoique le Seigneur sache ce que nous voulons, il veut cependant que nous usions de la prière vocale, pour beaucoup de raisons : Premièrement, pour exciter notre dévotion ; car ce que fait le souffle pour le charbon, les paroles que l’on prononce le font pour la dévotion. D’où vient que le Psalmiste dit : « J’ai crié vers lui avec ma voix, et ma langue a exalté son nom. » Secondement, pour l’instruction des autres, afin qu’un rideau tire un autre rideau, qui tous deux se joignent ensemble, et que celui qui entend dise : « Me voici (Extra De sac. unc., chap. i). D’où on lit : « Que votre lumière brille devant les hommes. » Troisièmement, pour la soumission de la langue, afin qu’ayant péché par la langue, nous puissions satisfaire par

  1. Ou Sacramentaire, publié par D. Hugues Ménard.