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est mort pour nos péchés, et il est ressuscité pour notre justification. » Et Saint Pierre : « Le Christ a souffert pour nous, et il vous a laissé un exemple afin que vous marchiez sur ses traces. » Donc, la mort du Christ a été un exemple pour nous, afin que nous ne mourussions pas dans le péché, et sa résurrection a été pour nous un exemple, afin que nous vécussions justement. Car si elle n’a pas été une réalité, le Christ n’est donc pas mort véritablement, et il n’est pas vraiment ressuscité ; sa mort et sa résurrection sont donc fausses. Mais loin de nous ce blasphème ; car le Prophète a dit par avance de lui : « Il a vraiment porté nos langueurs et pris sur lui nos douleurs. » Le Sacrement de l’autel est donc tout à la fois vérité et figure.

XXI. Or, trois choses doivent être distinguées dans ce sacrement, c’est-à-dire la forme visible, la réalité du corps et la vertu spirituelle (De consec., d. ii, Corpus). La forme est celle du pain et du vin ; la réalité, celle de la chair et du sang ; la vertu, celle de la charité et de l’unité. La première est aperçue par les yeux du corps ; l’esprit croit à la seconde ; le cœur perçoit la troisième. La première est le sacrement et non la réalité ; la seconde est le sacrement et la réalité ; et la troisième est la réalité et non le sacrement. La première est le sacrement d’une double réalité ; la troisième, la réalité d’un double sacrement ; et la seconde est le sacrement de l’une et la réalité de l’autre. Carla forme du pain signifie les deux chairs du Christ, c’est-à-dire sa chair vraie et sa chair mystique ; elle contient et symbolise la vraie chair, et elle symbolise aussi la chair mystique sans la contenir. Car, de même qu’un seul pain est fait d’un grand nombre de grains, et que le vin est exprimé de diverses grappes ainsi le corps du Christ est composé de beaucoup de membres, et l’unité eucharistique de diverses personnes, c’est-à-dire les prédestinés, les appelés, les justifiés et les glorifiés ; car ceux que Dieu a prédestinés, il les a aussi appelés, et ceux qu’il a appelés, il les a justifiés. D’où vient que l’Apôtre dit : « Nous ne faisons tous qu’un seul pain,