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de l’eau, comme on l’a dit au chapitre de l’Oblation. Mais, si l’eau n’est pas changée au sang, on demande ce qu’elle devient après la consécration, et comment elle est séparée du vin, auquel elle avait été mêlée. Si, après la consécration, il ne reste que l’eau pure, il résulte que dans le sacrement le prêtre ne boit pas que le sang, et ainsi, après une première réception du sacrement, il ne peut communier une seconde fois le même jour, pas plus que s’il eût bu de l’eau auparavant ; car ce qui fait que le prêtre, après une première messe, ne peut plus sacrifier le même jour, c’est qu’il a pris les ablutions. Dira-t-on, par hasard, que, de même que le vin est changé au sacrement de la rédemption, ainsi l’eau se change au sacrement de l’ablution, qui coulèrent également du côté du Christ ? Qui oserait affirmer cette proposition ?

VII. Or, on demande aussi si le Christ, ressuscité d’entre les morts, reprit le sang qu’il versa sur la croix ? Mais, si un seul cheveu de notre tête ne doit pas se perdre, à combien plus forte raison ne s’est pas perdu le sang du Christ, partie intégrante de sa nature. Et cependant on dit qu’on en conserve en plusieurs églises. Que dira-t-on aussi de la circoncision du, prépuce ou de l’amputation du nombril ? Le Christ, en un mot, après sa résurrection, a-t-il repris d’autorité son intégrité, la nature humaine, glorifiée dans sa nouvelle condition ?

VIII. Mais il vaut mieux remettre tout entre les mains de Dieu que de rien affirmer témérairement. Nous croyons, toutefois, que le prépuce est conservé dans la basilique de Latran,. quoiqu’il y en ait qui prétendent qu’il fut transporté à Jérusalem par un ange et donné à Charlemagne, qui le fit porter à Aix-la-Chapelle, où il fut déposé solennellement dans l’église de Sainte-Marie ; mais, dans la suite, Charles-le-Chauve le fit transporter dans l’église du Sauveur, à Charroux[1]. Si cela est

  1. Apud Crosium. — Saint-Sauveur de Charroux, abbaye dans le haut Poitou ; Charroux est dit pour chair rousse. (V. le cardinal Tolet, Comment. in Luc. ; et Salien, anno 1 Jesu Christi.)