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parole : pro quibus benedixit, etc. En effet, tu as béni d’une bénédiction céleste et par la vertu de ta parole, qui change le pain en la substance du corps du Christ. « Ceci est mon corps ; » en prononçant ces paroles on fait sur le pain une croix qui signifie que le Christ a souffert aussi dans sa nature, car il a souffert tout entier et dans son ame et dans son corps, comme on le dira dans la particule onzième, sur ce mot : et præstas, afin de racheter l’homme tout entier. Car, de même que le Christ prit le pain et le calice dans ses mains saintes et vénérables, et bénit l’un et l’autre, le prêtre aussi, à l’exemple du Christ, prenant le pain et le calice dans ses mains, bénit l’un et l’autre par un signe de croix. Ces deux croix indiquent le temps de la cène et le temps de la grâce, ou l’endroit où viennent se réunir les deux murailles sur la pierre angulaire, ou bien que le géant d’une double nature est crucifié. Or, comme en prononçant ces paroles : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang, » le prêtre consacre (De cons., dist. ii, Panis est), il est à croire que le Christ consacra en prononçant ces mêmes paroles.

XV. Mais, comme le Seigneur rompit le pain avant de le consacrer, il semble que l’Eglise, qui consacre le pain avant de le rompre, agisse autrement que n’agit le Christ, et pèche ainsi ; car l’action du Christ doit être notre instruction (XII, q. i, Exemplum). À ce sujet, quelques-uns ont dit que le Christ brisa le pain après la bénédiction et la transsubstantiation, car il consacra alors qu’il bénit, et ils rangent les mots dans cet ordre : « Il prit le pain, » il faut sous-entendre benedixit, en disant : « Ceci est mon corps, » et alors « il le rompit et le donna, » et dit : « Prenez et mangez ; » puis il répéta : « Ceci est mon corps. » Il prononça donc ces paroles la première fois pour donner à ses apôtres le pouvoir de consacrer ; puis il les prononça une seconde fois pour leur enseigner la forme de la consécration. D’autres ont dit que le Christ rompit le pain avant de le consacrer ; car, d’abord, il le bénit, et ensuite il le rompit, et enfin il prononça ces paroles : « Ceci est mon