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que contiennent ces paroles et ce mystère caché aux hommes et aux anges. Dans quelques églises, pour représenter ce mystère, quand le prêtre commence la secrète on le couvre et on le voile avec des rideaux que l’on tire de chaque côté de l’autel. Cette expression : « de notre servitude, » veut dire : « de ma servitude et de celle de tous ceux qui sont tes serviteurs et tes amis. »

II. Et remarque qu’il y a deux espèces de servitude, l’une qui est due au Créateur seul et que l’on appelle latrie, l’autre que l’on exerce vis-à-vis des créatures et qui se nomme dulie ; car nous pouvons vénérer certaines créatures entre toutes les autres. Le Seigneur détermine lui-même ces deux espèces de servitude, lorsqu’il dit : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » On a fait à ce sujet les vers suivants :

Le culte de latrie appartient au Seigneur,
Celui de dulie à ses serviteurs ;
On rend le culte d’hyperdulie au corps du Christ.

Latrie, c’est la servitude ou le culte que l’on doit à Dieu seul, créateur, que nous devons révérer par-dessus toutes choses. A ce culte appartiennent les temples, les autels, le sacerdoce, les sacrifices, les festivités, les cérémonies et autres choses de ce genre, qu’on ne doit employer que pour Dieu seul, selon cette parole : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu ne serviras que lui seul ; » c’est-à-dire « tu t’acquitteras envers Dieu seul de la servitude de l’adoration. » Ce n’est pas, en effet, aux saints et aux anges en l’honneur de Dieu, mais plutôt à Dieu en l’honneur des saints et des anges, que l’on dédie des temples, que l’on consacre des autels et que l’on offre des sacrifices. Ce n’est pas envers eux, mais à l’égard de Dieu seul que l’on s’acquitte de la servitude de l’adoration (comme on le dira dans la préface de la septième partie), de peur qu’en agissant autrement on ne rende pas à Dieu le culte qui lui est dû, mais qu’on encoure l’accusation d’idolâtrie, en servant la créature comme le