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l’Évangile : « Avant d’offrir ton présent devant l’autel, vas te réconcilier avec ton frère. » Daniel dit à Balthazar : « Que tes présents soient pour toi, et fais don à un autre des honneurs de ta maison » (XIII, q. v). On lit ailleurs : « Le Seigneur regarda favorablement Abel et ses présents. » On appelle ces dons et ces présents sacrifices, parce qu’on les sacrifie et parce qu’on les offre pour nos péchés, afin qu’ils nous rendent saints (sacros efficiant). C’est pourquoi le peuple dit, en parlant du pontife, qu’il offre des dons et des sacrifices pour les péchés. La répétition des mêmes mots est un exercice de pieuse dévotion et la louange de l’ineffable sacrement que l’on appelle avec justice l’Eucharistie, comme on le dira dans la sixième partie du canon aux mots : Qui pridie, quam pateretur. A proprement parler, on fait un présent à un homme, un don à Dieu. Car on appelle présents les choses que l’on donne ou que l’on reçoit avec les mains. Le mot don se rapporte au pain, dans lequel il y a de la farine et de l’eau, et celui de présent au vin, dans lequel il y a du vin et de l’eau. Les saints sacrifices se composent de dons et de présents, selon saint Augustin : « Nous offrons des dons, quand nous nous offrons nous-mêmes à Dieu, et nous donnons des présents quand nous nous souvenons de ses bienfaits ; nous lui présentons des sacrifices sans tache lorsque nous nous humilions devant lui et que nous le louons. » Voir là-dessus le canon Comperimus (De consec., d. ii).

X. Et remarque que l’on dit au pluriel des dons, des présents, des sacrifices, parce que le pain et le vin, avant d’être consacrés, sont des espèces diverses de substances, et que ces substances sont diverses d’espèces ; mais, dès que la consécration céleste est descendue sur le pain et le vin, quoique les espèces demeurent, cependant les substances sont changées, et, quoique contenant divers éléments, elles ne renferment pourtant qu’un seul Dieu, lequel est contenu sous l’une et l’autre espèces, bien que les deux substances ne se changent