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Les trois plis du corporal dans sa largeur désignent les trois vertus théologiques, savoir : la foi, l’espérance et la charité, par lesquelles nous sommes unis à Dieu. Ces plis peuvent encore avoir d’autres significations. Or, la palle dite corporal se compose de deux pièces, une que le diacre étend sur l’autel, l’autre qu’il met sur le calice après l’avoir pliée, ce qui figure les deux linceuls dans lesquels Joseph enveloppa le corps du Christ. La pièce étendue sur l’autel représente le suaire dans lequel le corps du Christ fut enseveli dans le tombeau, et voilà pourquoi on l’appelle corporal ; la pièce pliée et mise sur le calice figure le suaire dans lequel la tête du Christ fut séparément enveloppée. La pièce étendue que l’on appelle corporal signifie la foi ; celle qui est pliée, et que l’on appelle suaire, représente l’intelligence : car ce mystère doit être cru, mais il ne peut être compris, afin que la foi ait un mérite indépendant des preuves que donne la raison humaine (De pœn., d. iv, in Domo). Deuxièmement, le corporal, qui fait l’office de linceul, signifie aussi l’humilité du Christ dans sa passion, et le suaire figure ses souffrances. Troisièmement, le corporal représente le linge dont le Christ se ceignit les reins le soir de la Cène, et le suaire représente ses fatigues au milieu des persécutions. La palle que l’on met sur le calice ne couvre pas toute la partie supérieure de ce vase, pour donner à entendre que le suaire couvrait une partie de la tête du Christ et en laissait une autre à découvert, comme c’est la coutume chez les Juifs. Cependant quelques églises n’ont qu’un corporal, parce qu’on lit dans l’Évangile que Joseph enveloppa le corps de Jésus dans un drap blanc, et non dans plusieurs ; et c’est pour marquer l’unité du sacrement et représenter le linceul dans lequel le corps du Christ fut enseveli.

V. Le corporal reste sur l’autel jusqu’après la consommation du corps et du sang du Christ, et jusqu’à ce qu’on enlève le calice de dessus l’autel, parce que le linceul et le suaire restèrent dans le tombeau jusqu’au moment de la résurrection.