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CHAPITRE XXIII.
DU CHANGEMENT DE PLACE DU PRÊTRE.


I. Le prêtre se tiendra assis au côté droit de l’autel et sans parler, jusqu’à ce que l’épître soit lue et pendant que le chœur chante le graduel : c’est pour faire entendre que lorsque Jean prêchait, le Christ, en quelque sorte, se taisait, parce qu’il ne prêchait pas encore ouvertement. Mais le prêtre se lève quand il va dire l’évangile, parce que, comme l’Évangéliste nous l’apprend, lorsque Jean eut été mis en prison par Hérode, Jésus vint en Galilée pour prêcher la bonne nouvelle du royaume de Dieu (evangelium regni Dei). Et comme il n’est permis qu’au vainqueur de s’asseoir, quand le prêtre s’asseoit il représente à juste titre la victoire du Christ, qui, après avoir jeûné, vainquit le diable, qui, après l’avoir vainement tenté, le laissa, et en même temps les anges s’approchèrent de lui et ils le servaient. Donc, après le chant de la séquence le prêtre se lève et vient au côté gauche de l’autel, où il lit l’évangile, pour marquer que le Christ n’est pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, comme il l’a dit lui-même dans l’Évangile : « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien, mais les malades qui ont besoin de médecin » ( II, quœst. i, Multi). Or, le côté droit marque les justes, et le côté gauche les pécheurs, et c’est pourquoi au jugement le Seigneur mettra les brebis à droite et les boucs à gauche, comme on l’a dit au chapitre de l’Oraison ou Collecte.

II. Il en est cependant qui ont dit qu’au commencement de la messe le prêtre allait à droite de l’autel, lorsqu’il lit l’évangile il va à gauche, et que vers la fin il retourne encore à droite, parce que le culte de Dieu fut d’abord le partage du peuple