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d’une voix bien articulée, pour marquer que dans cette grande solennité de la vie éternelle le chant de gloire sera tout-à-fait su. Les séquences sont la figure mystique des louanges de la vie éternelle, selon cette parole : « Heureux ceux qui demeurent dans ta maison. Seigneur ; ils te loueront dans les siècles des siècles. » Les séquences, en effet, ont des termes d’où coule la louange, et leur chant est doux et suave, parce que dans la vie éternelle toutes choses porteront avec elles leur louange et auront une mélodie céleste, comme celle de l’orgue ; une allégresse d’où s’épanche la douceur coulera en abondance dans cette vie sans fin, qui sera habitée par un peuple d’heureux. Et parce que les expressions de la langue humaine ne peuvent pas rendre entièrement l’harmonie des louanges de l’éternité, dans certaines églises on soupire (pneumatizant) à un point de vue mystique l’air des séquences, sans en prononcer les paroles, ou au moins quelques-unes de leurs strophes. Car on n’aura pas besoin de la parole dans la vie éternelle, où le livre de vie s’ouvrira devant tous, et où tous les cœurs pourront y lire l’un après l’autre ; là aussi la parole sera inutile pour se justifier contre le témoin accusateur et le Juge des juges (X, q. iii, Eorum). Et remarque que, selon [saint] Isidore, la prose est le produit d’une règle que la loi du mètre résout ; son nom de prose lui vient de son étendue (profusa) ; le terme de séquence vient de ce qu’elle suit (sequitur) le neume de la joie. On applique aussi ce terme à l’évangile, en disant : Sequentia evangelii, « Suite de l’évangile ; » mais, dans ce cas, sequentia est employé au singulier.